les mardis de la poésie : Catulle (- 84, – 54 avant JC)

 

Ainsi tu demandes, Lesbie,

Combien pour m’assouvir il faut de tes baisers?

Compte les grains de sable aux déserts de Libye,

Dans les champs de Cyrène embaumés de lasers,

Du temple où Jupiter parle entre les tempêtes

Au tombeau saint où dort Battus des anciens jours,

Compte là-haut combien d’astres, aux nuits muettes,

Regardent des humains les furtives amours.

Il en faudrait autant, de baisers de tes lèvres,

Pour assouvir Catulle en proie à mille fièvres…

Que le nombre en échappe aux jaloux, à leurs yeux,

A l’ensorcellement de leurs mots envieux!

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Sans doute, Aurelius, Furius, je le fais,

Catulle peut aller voir les lointains rivages,

L’Inde dont l’Océan d’Orient bat les plages

Du long bruit de ses flots brisés,

L’Hyrcanie, & l’Arabe à la molle indolence,

Les Saces, la Parthie où pour s’armer l’on prend

Des flèches, le Nil qui par sept bouches s’élance

Dans la mer en la colorant ;

Ou bien encor gravir des Alpes les montagnes,

Voir les lieux de témoins du grand César couverts,

Le Rhin gaulois, le sombre Océan, les Bretagnes,

Extrémités de l’univers;

Oui, je le sais, partout où me puisse conduire

La volonté des Dieux, vous suivriez mes pas…

Mais je veux seulement vous charger d’aller dire

Ces mots à ma maîtresse, hélas !

Ces mots tristes & courts : qu’elle vive sans crainte !

Grand bien lui fasse avec trois cents gueux dans les bras ! Sans aimer, qu’elle les épuise & les éreinte

Tous d’ardeurs qui ne cessent pas !

Qu’elle ne jette plus un regard en arrière

Vers mon amour : ses coups l’ont tué dans mon cœur, Comme, atteinte du soc qui passe, à la lisière

Du pré, tombe morte une fleur!

 

Page tirée du site : http://remacle.org/bloodwolf/poetes/catulle/poesies.htm

http://remacle.org/

Extrait de l’intéressant article de Wikipédia :

« Catulle étale sa passion au grand jour, le plus souvent inassouvie et malheureuse : il ne manque ni de courage, ni du sens de la provocation. C’est en ce sens qu’on peut le considérer comme un précurseur du genre élégiaque. Aucun écrivain, avant lui, ne s’était pris pour sujet de son œuvre, surtout pas pour parler de sa passion amoureuse. Les sentiments qu’un homme pouvait nourrir à l’égard d’une femme avaient, chez les Romains, quelque chose de ridicule, de dégradant, voire d’humiliant. La relation homme-femme était le plus souvent conçue dans une perspective de procréation et revêtait souvent un caractère vénal. La passion amoureuse était presque, pour ainsi dire, indigne d’un homme libre et d’un citoyen romain. Qui plus est, Catulle fait état d’un amour pluriel : il aime les femmes comme les hommes. Il se lia d’ailleurs avec les hommes les plus distingués de son temps. En se montrant tel qu’il est dans son œuvre, Catulle est bel et bien novateur. Certains vers, dédiés à son éromène Juventius, restent célèbres : » (…/…)

 

Inédit! une photo de Catulle attendant le char-bus qui le mènera à l’Agora-médiathèque (cf galerie ci-dessus)

2 commentaires sur “les mardis de la poésie : Catulle (- 84, – 54 avant JC)

  1. Il n’y a pas à dire, on savait écrire en ce temps-là !
    Merci Karouge pour ce coup de projo sur Catulle.
    Et extra ordinaire la photo de Catulle attendant le char-bus.
    (Puisque tu nous offres un scoupe, je vais t’en offrir un autre : savais-tu que Catulle s’était réincarné en France il y a quelques temps, et qu’il avait pour ami Mendès, et qu’à eux deux, ils ont écrit des poèmes sous le nom de Catulle Mendès France ? [moi-même, je l’ignorais encore il y a 30 secondes]).
    Bonne journée, Karouge !

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