Des rats pour dimanche, au repas de midi, ça ira ?

Paris-New York, New-york -Paris

comme des millions de mes congénères, je suis un rat des villes mais pas débile. J’adore faire la manche dans les manteaux, les pulls des parisiennes, quand je sors du métro. C’est chaud et parfumé, les aisselles des femmes sentent l’asile parfait pour mes vieux jours ; de l’autre côté de l’Atlantique, le phénomène est semblable. Pour en savoir plus, lisons quelques coupures de presse avant que les rats, mes frères de bibliothèques ne les dévorent :

France : « La vidéo fait le tour des réseaux sociaux. Il faut dire qu’elle est inattendue : à Paris, un rat s’est faufilé dans la manche d’une femme qui sortait du métro. Tout commence mardi 29 novembre, sur CNews. Lors de la matinale, la chaine télé d’info en continu qui diffuse l’interview d’une femme à la sortie du métro parisien. Elle est alors interrogée dans le cadre d’un micro-trottoir, quand tout à coup, elle confie, surprise, qu’elle sent quelque chose dans son manteau. »

Sauf que ça ne se passe pas à Paris, mais à Boulogne-Billancourt. Bon, Anne Hidalgo, prends-en pour ton grade! (source : france infos).

Traversons l’océan jusqu’à New York et son offre de travail (bien payée pour un SDF français) :

« Tuer tous les rats de New York pour plus de 160 000 euros par an, relevez-vous le défi ? C’est en tout cas l’offre d’emploi publiée ce mercredi 30 novembre par la mairie de la mégalopole. La municipalité est à la recherche d’un chef « sanguinaire » dédié à « l’abattage » de millions de rats des rues new-yorkaises. Le tout pour un rondelet salaire de 120 000 à 170 000 dollars par an, soit environ 115 000 à 160 000 euros par an.  On est prié d’envoyer un passeport diplomatique et biométrique à joindre à l’offre d’emploi, ou une adhésion à Tweeter Tik Tok ou Instagram validée. (source : the huffington post, en sortant deux rues, puis à gauche).

Ce billet (!) ne saurait être complet sans évoquer le village de La Romieu et de sa légende, (court extrait) : « Alors, un autre fléau s’abattit sur les habitants : les rats se mirent à proliférer et à manger les récoltes . Le spectre de la famine était revenu.

Les chats d’Angeline, qui pendant leur période de retraite forcée avaient donnés plusieurs portées, vinrent alors au secours des villageois. Libérés, ils purent s’attaquer aux rats et délivrer le village de la terrible menace . À lire ici (c’est court) : https://desroulettessouslespieds.fr/visiter-la-romieu-gers/

Comme Noël approche et que les grands-parents ne savent plus où sont passées leurs histoires, pour clore cet humble article (en vente nulle part), il est grand temps de parler du joueur de flûte de Hamelin, non ?

Allez, à bon chat bon rat !

AK

Carrefour du Gros Lardon (mars 1986)

Il hésite, songe qu’un carrefour est déjà une rencontre. Son œil se tourne sur le jupon d’une femme, qui passe. Passe avec nonchalance devant son regard atrophié. Il tire de sa poche un paquet de cigarettes molles et contente en le palpant son torse bombé. Se dit que la nuit est splendide. Son œil agresse une starlette qui évolue sur une bouche de métro, sur le trottoir. Il sait où il va.

Moi non.

Je le suis.

Au carrefour il rencontre un gros porc à qui il demande l’heure. L’autre grouine : « presque neuf heures ». Il le reprend : « je vous demande l’heure exacte. Quand vous allez dans un bistrot on vous donne un ticket incluant le service compris. Vous profitez des 15% en emportant le cendrier et l’eau de Seltz. Bref, l’heure c’est l’heure ! » Le gros porc rectifie en regardant sa Rolex, et poursuit son chemin.

Moi non.

Je le suis.

Une femme exceptionnellement seule le toise. Il atrophie son regard avec nonchalance, tire de sa poche un revolver et contemple son torse bombé. Se dit que la nuit est idéale. Son œil vise la plus tendre des entreprises et le revolver le plus doux des coups. La rencontre est déjà au carrefour. Alors il hésite. Il hésite sur la texture du jupon ; les jupes à volants sont si andalouses.

Moi non.

Je suis grec par ma mère.

Mon père était actionnaire dans une fabrique de cendriers et de bouteilles d’eau de Seltz, alors quand vous allez dans un bistrot, 15% du lieu vous appartient, sauf le temps qui court, mais franco de porcs. Demander l’heure à un carrefour est approximatif. L’heure c’est l’heure mais le bonheur c’est autre chose. Il rectifie son chemin, qui le poursuit. Presque neuf heures et une trentaine de minutes. Elle arrive.

Moi non.

Je suis mauvais bougre, par mon père.

Il toise une femme extraordinairement habitée par la solitude, la lorgne de ses yeux torves et la dénude du bout des dents. Les porcs sont gras et les quais de la Seine tristes. Une pluie fine habille à présent la nuit. Il atrophie sa nonchalance pour mieux se fier aux seins qui se balancent devant lui, portés par une belle, de nuit. Vous profitez des 15% ? croit-il entendre en la croisant. Ses poches sont pleines de revolvers et les yeux, n’en parlons pas. Les jupes à volants sont si andalouses qu’elles rendent jalouses les toréadors. Le carrefour est au rendez-vous. Imperturbable. Mais la rencontre est franco de porcs et de taureaux. L’heure c’est l’heure et le bonheur s’est planqué dans un bestiaire.

Moi non.

Je le suis.

L’eau de Seltz il la boit entrecoupée de whisky et les cendriers il les noie de mégots argentés. Il hésite à écraser les cigarillos, songe qu’un carrefour est comme un hall de gare. Son œil tournique. Il sait où il va. Il demande l’heure au lampiste de l’hôtel et le nombre d’étages à gravir. Il prend l’ascenseur et demande à l’andalouse d’exciter l’escalier. Le frou frou des volants au carrefour de l’amour agit en lui comme un incident de parcours. Il trébuche sur le septième palier.

Je le sais.

Je le suis.

Elle connaît la chanson qui n’est même plus refrain.

Elle connaît le refrain qui n’est plus musical,

Elle connaît la musique qui n’est que gymnastique.

Elle, se dit que la nuit est splendide

Qu’une pluie fine vêt à présent de billets sa solitude

Elle balance ses seins et tout le bazar

Dans le bestiaire où le bonheur s’est planqué.

Je le sais.

Je les suis.

Il hésite. Sa chemise lui tient chaud au cœur. Le bonheur s’est planqué très loin de ses épaules. Tout à coup, il se sent gros porc vautré sur ce corps qui fond. Il se demande quelles formes vont prendre ses cigarettes molles, si les volants vont vouloir tourner, si les jupons vont virevolter, si les 15% vont être exploités pleinement dans son acte charnel. Il a accroché au lampadaire de sa pensée l’illusion d’un plaisir marchandé. Les porcs aussi regardent la mort en face  mais n’en diffèrent pas l’instant. Lui, si.

Moi non.

Je suis déjà en partance.

Elle joue ce jeu qui semble si bien se jouer du joueur. Elle n’hésite pas. Au carrefour, autant de rencontres que dans un hall de gare. Les non chalands empochent leurs 15% aux guichets de l’amour, tarif réduit pour les plus de soixante ans et les enfants de troupe. Il veut qu’elle lui dise tous ces mots qu’il n’a su inventer : cendrier, eau de Seltz, mégots argentés, mais les jupes à volants sont si andalouses et les escaliers de la Butte si abrupts que la fatigue l’emporte au diable.

Moi non.

Ma vie s’offre en pente douce.

Dans ce lit de misère elle lui tend un laisser-passer qui le conduit à la mort. Il sort seul de l’hôtel, il pleut. Au carrefour les voitures ne s’arrêtent pas, les artères de la ville se gonflent de circulation sanguine, et il tombe, renversé par le brusque coup de volant d’un porc qui, comme lui, regarde les femmes et ne s’arrête pas.

Je téléphone à sa mère :  » Votre fils est mort ». La mère est encore jeune, me répond : « j’hésite à en faire un autre ». « Pas de souci, rétorquai-je , avec moi vous ne prendrez aucun risque, je suis celui qui suit. »

29 mars 1986

AK

Poème animalier

La nuit est trop profonde pour y creuser un trou.

Dans la gueule du loup se tait le bavard hibou

Qui debout au comptoir racontait des histoires

D’avant la fermeture des becs de gaz, des sans le sou

Que la lueur réchauffait, leur apprenant à lire la vie.

La tendresse du soir traverse les hommages

Qui font dans les campagnes naître les hommes sages

Les arbres qui renoncent à vieillir sous la hache

Encore munis de feuilles que le vent parfois sabre

Les nyctalopes dansent parmi les pipistrelles

Nuit dense et aveuglement intense,ils n’ont d’ailes

Que les chouettes dans les bois et les clochers

Que cette fête importune éloigne et que l’aube oublie.

Certains animaux, nocturnes, voulurent enterrer le soleil

Mais personne ne voulait creuser le trou profond

Arguant du fait qu’ils en auraient un jour besoin.

Quand les champs de blé seraient moissonnés,

Quand les bec de gaz ne seraient plus honorés,

Le loup ajouta : quand sous la pleine lune d’été

Nous irons nous baigner dans les piscines privées,

Les taupes renchérirent , nous sommes aveugles

Mais nous connaissons tous les tunnels, les tranchées

Qui nous font vivre, alors, creuser un trou

Pour le remplir de nuit profonde est ridicule.

Tous furent d’accord, sauf le loup, le nez masqué,

Qui s’apprêtait à se rendre au bal des embusqués.

Soudain, le renard prit la parole.

Amis, dit-il, notre devoir est immense

Les hommes ont tenté de combler

Mille trous, la sécu, la dette, l’enfouissement de Bure,

Même les trous de cul des fraudeurs au pouvoir,

Et nous, qui sommes-nous, chouettes et hiboux,

Au fond de la logique , monticules de terre, rats d’égouts

Qui donc a dit, lors de cette assemblée :

La nuit est trop profonde pour y creuser un trou ?

On vit alors sortir de dessous une table un doigt sale

Et une voix chevrotante déclarer : c’est moi !

Tout le monde applaudit, enfin, ceux qui le pouvaient,

Mais le renard leva la patte gauche. Silence !

Pour clore notre séance, amis plumitifs et poilus

Je propose que dès maintenant nous sortions cette vaine

Mémoire de nos plaines et de ces champs lugubres :

Honorons donc, ensemble, cette légende : le trou normand !

La légende dit que Noé ne sauva que les animaux qui n’étaient pas ivres, mais ce sont des racontars !

01 12 2022

AK

Retour à la maison du fromage qui pue.

Je suis sorti de cette vaste maison mais n’ai pas retrouvé mes traces sur le chemin du retour pour rentrer chez moi, où femme et enfants m’attendaient. La neige avait ce soir-là mis ses pas dans les miens, mais elle, contrairement à moi, effaçait les marques de son passage en nivelant le sol et les buissons chétifs. Dans l’allée de cette grande demeure que je quittais les arbres posaient leur inquiétude sur leur avenir et l’ombre devint très vite nuit, alors que la neige charmait de ses flocons le linceul des conifères, des hêtres, masquant les limites du chemin que j’empruntais. Les buis portaient des toisons épaisses que la lune gibbeuse n’éclairait que peu. Dans les chaumières c’était l’heure où l’on battait les blancs en neige pour préparer la mousse au chocolat, noire comme une nuit d’hiver . L’air était froid, semblable au regard d’un dictateur aux yeux bleus. Tout comme les grues perdues dans les lourds nuages d’automne, les pigeons voyageurs ne trouvant pas leurs repères terrestres, je m’orientais par ce que ma cervelle embrumée par les alcools les rires et les discussions stériles que la fête avait prodigués dans la grande demeure d’où je sortais, en titubant, je l’admets, fier et ivre, décontenancé mais plein d’orgueil. Je descendis les premières marches, plein d’un enthousiasme qui eut pu réveiller un mort, avec cette nuance que les traces de mes pas avaient bel et bien disparues. En pleine journée, il est vrai, il suffit de suivre son ombre, quitte à marcher à reculons, mais la nuit ?

La peur trahit l’instinct, le réconforte souvent. Une brindille qui craque, un renard qui passe dans les taillis un camembert en bouche et un hululement de chouette qui surprend, avertissant du danger chevreuils et cerfs et cent bestioles du bois, pour celui qui marche à l’aveuglette dans l’obscurité en ces lieux est terrorisant. Curieusement,je n’avais nulle crainte. L’heure avançait et je sentais le parfum de mon épouse, qui m’accompagnait malgré elle, et cette odeur de soupe dont tous les animaux des parages respiraient les délicieuses effluves. Où donc serait alors la peur ? Nous marchions ensemble, loin de la grande demeure, moi et les animaux, laissant craquer sous nos empreintes distinctes la neige qui durcissait. Plus les odeurs devinrent sensibles à nos museaux plus l’engouement d’un bon repas se précisa pour tous.

Une lanterne pendait devant le seuil de la maisonnette. Des flocons s’accrochaient avec timidité sur le chapeau d’icelle, mais je vis avec stupéfaction que d’autres individus avaient utilisé le paillasson, et deux paires de bottes séchaient dans l’entrée, dont l’une sentait le camembert et l’autre le maroilles. Je reconnus instantanément l’origine des visiteurs : ils venaient de la grande demeure ! Je compris qu’ils avaient suivi leurs parcours sur la traçabilité de l’AOP (Appellation d’Origine Contrôlée). J’en conclus que le renard nous avait trahis, car ce qu’il tenait dans sa gueule n’était qu’un leurre : une hostie, une galette de pain azyme, une soucoupe volante, bref j’étais fou de colère et remuais tant mes bras que les animaux des bois retournèrent d’où ils venaient, mais restaient vénères question vénerie et c’est autour d’un feu de camp qu’ils décidèrent de mettre le feu à la grande demeure. Le renard fut désigné pour porter la charge explosive devant l’entrée principale, tenant dans ses mâchoires une pizza quatre saisons.

Ce fut une parfaite réussite. Quant à moi, qui suis le vrai héros de ce récit, je ne parlais plus de cet hiver rigoureux durant lequel ne vint chez moi nulle tartiflette, nulle fondue savoyarde, ni raclette ainsi que les camemberts fabriqués loin de chez Marie Harel, et qu’ils rôtissent, ces drôles, dans la grande demeure !

26 11 2022

AK

PHOTO ILLUSTRATION : festival photo reporters BOURISP 2021 (?)

Le macchabée et le rat facétieux

Il ne respirait plus, semblait-il, mais son haleine fétide emplissait encore les murs de la petite église dans laquelle un épais curé officiait. Tous les proches, parents, les amis d’antan et les gosses de l’aumônerie portaient un masque. Le défunt n’en n’avait pas, et quand il rota et péta l’assistance crut à une soudaine résurrection. Y aurait-il donc une nouvelle pandémie dans le village, et faudrait-il que les masques s’enrichissent de silence dans le discours de l’abbé ? Le cimetière était proche, et cet emmerdeur viendrait-il troubler le silence des tombes par ses flatulences et ses hoquets malvenus ?

En fait il se trouva que c’était un petit rat, embusqué dans le caleçon du mort, qui poussait l’oraison, à sa manière. Ce genre d’animal que dans leur ataraxie les amateurs d’opéra imaginent en tutu blanc vaporeux, mais seulement bien plus tard, après la fin du spectacle. Quand la petite bête sortit son museau du cercueil toutes les grenouilles sautèrent du bénitier, suivies des bigotes et des bourgeois du village. Le cimetière, comme il a été dit, était proche, et le rat s’était réfugié dans cette caisse en bois molletonnée dans laquelle il avait fini par s’endormir.

Le curé tenta de l’estourbir avec son encensoir, lui jeta même ses burettes en hurlant « vade retro satanas », mais la bestiole alla se cacher dans la poche à montre à gousset du cadavre encore frais, ce qui provoqua un frétillement gai des moustaches du mort dont certains témoins dirent plus tard que c’était un miracle, car durant toute sa vie il n’avait souri qu’aux femmes et jamais aux maris. L’abbé fit appel aux quelques paysans présents dans son église pour l’aider à chasser ce démon. Pauvres hommes des campagnes, plus habitués à tuer les taupes à coups de pelle et à les suspendre sur les clôtures comme des trophées de chasse, les laissant sécher au soleil, elles qui vivaient à l’ombre de la terre.

Le jeune rat découvrit alors que dans le refuge de cette poche la montre à gousset avait disparu. Dans la doublure matelassée du cercueil il trouva une ordonnance du médecin du village et un mot écrit à la hâte de son épouse, lui signifiant qu’elle le quittait, pour toujours. Quant à l’ordonnance, elle était remplie de mots très compliqués pour son cerveau, neuroleptiques, somnifères, ne pas dépasser la dose prescrite (écrit en rouge), etc.

Dans ce village jadis prospère l’ancien maire, celui qu’aujourd’hui on enterrait, avait fait construire un petit opéra que l’on nomme de nos jours salle polyvalente et où les petits baronnets et les édiles des environs venaient festoyer lors de spectacles dispendieux dont les habitants disaient que l’art dans le village en augmentait la réputation en animant le cœur de la population dans le prestige pourtant désuet de la pièce qui s’y jouait chaque année et des soirées privées dont ensuite tous les habitants parlaient.

Mais ces excès de luxures et de vies dissolues que menaient les notables, les larmes de crocodile que versaient, avant l’apparition du rat, tous ces gens sur le cercueil de l’ancien maire, finirent par agacer la population. En effet, tout semblait se détériorer depuis des années : les tuyaux fuitaient, les radiateurs ne chauffaient plus, les chats envahissaient les canapés et les rats ouvraient les réfrigérateurs la nuit. Le beurre, le fromage, le pain et la tête de veau commencèrent à manquer. Un genre d’Holodomor* stalinien s’installa dans le petit pays. À l’instar de Mao Tsé Toung, on piégea les oiseaux pour se nourrir (soi-disant qu’ils dévoraient les semis), puis alors que le curé reprenait son prêche, une vierge apparut sur le parvis de l’église. Les grenouilles regagnèrent le bénitier, les ouailles leur missel. Le rat s’était enfui dans le presbytère, qui n’avait rien perdu de son charme, ni le jardin (de curé) de son éclat. Il regagna la ville, et vécut chez son cousin, où à son tour il fit ripaille en compagnie de jeunes rattes aux mœurs légères. Il ne sera pas raconté ici ni où ni quand il trouva la montre à gousset et à quel prix il la vendit !

24 11 2022

AK

*HOLODOMOR : https://fr.wikipedia.org/wiki/Holodomor

Rions un peu avec René (Goscinny)

Lecteurs, lectrices, juste un effort : cliquez sur le lien ! Vous y découvrirez des mini-séries et d’autres choses encore de René Goscinny, qui malgré les moyens audio-visuels de l’époque anté-numérique, sont de véritables pépites d’humour. (N’hésitez pas à pousser le timer)

Photo d’illustration : la rubrique à brac, avec tout et n’importe quoi (photo locale du petit Pays)

Nu comme …

Nu comme un verre mais plein d’esprit il soupirait, accoudé au comptoir. Personne ne l’écoutait mais tous le connaissaient. Il avait, comme on dit ici, appartenu au cercle. À ce mode de vie qui enrobe la réputation, la répudiation et la finesse de l’oubli de soi, un paysage social dont tous les membres connaissent les faits et gestes, l’intimité des relations, les rapports amicaux ou sexuels avec les autres, tous adeptes et appartenant au clan .

Pour rentrer dans le clan, plusieurs et nombreuses sont les cartes de visite qu’il faut présenter. Mais une par une, d’une année sur l’autre. Pour cela, il faut un peu vieillir dans l’intrusion, et dévoiler quelques ombres qui font en sorte que l’indifférence cède sa place à l’intérêt. Car abonder dans cette perspective offre des cartes sur le poker des relations, pour qui veut jouer. Comme il voulait vivre une autre vie et que personne ne le connaissait, il lui fallut trouver un sobriquet, un genre de gravatar, un pseudo, un non-lieu sur son nom, une autre naissance dans le nouveau monde des acronymes, des individus perdus dans leurs fantasmes mais que l’IP de leur ordinateur traçait 24 h sur 24. Partout où ils roupillaient, voire chez eux quand ils rêvaient.

Le zingue usé et lisse du comptoir, nu comme le verre vide qui appelait à l’aide son coude pour à nouveau le remplir lui avait offert cette pittoresque et enviable notoriété pourtant imméritée : le Poète. La ville était petite, et la sécheresse des gosiers ne trouvait refuge que dans trois bistrots, qui jouaient de la lumière et de la chaleur sous le tourniquet du soleil. À la fin du jour, chacun regagnait ses pénates et le bourg éteignait ses lampadaires.

Dans la cervelle du Poète ce n’était plus un ver qui était dans le fruit mais mille qui lui rongeaient le foie. Sa tête s’appuyait sur des alexandrins, des poitrines de femmes exquises et des souvenirs qui venaient tels des bâtons, se mettre dans les roues de ses carrosses fantasmés et le faisaient trébucher au sortir du bistrot. Il n’y avait en lui aucun minuit, seules les étoiles illuminaient l’enfer froid des pavés. Il devenait alors ver gisant, lampyre mâle inutile au monde des conquêtes reproductives, fossoyeur que même les bougies refusaient d’éclairer. Il était nu comme un verre, un de ces verres que l’on brise comme un rire, mais sans éclat : un verre ballon, rond comme un cercle, qui exploserait lors d’une fête foraine, noyé dans la musique tonitruante du monde., sans un bruit.

Dans le petit pays, on raconta que seul un chien suivait son corbillard, à l’instar de Mozart. C’était faux : le chien était sourd et illettré. Mais jamais le curé ne parla des quatre chats de Pandémonium, qui dormaient sur le cercueil. Ni des ânes qui lurent cette histoire en espérant un jour remplir leur verre à ma santé !

15 11 2022

AK

Les ânes sont-ils bilingues ou les hommes sont-ils seuls ?

J’entends un âne braire et sans vraiment comprendre je saisis soudain que c’est mon écho qui résonne. Je ne sais au fond dans quelle vallée je me suis perdu quand j’ai posé ce sac qui contenait mes mots, mais je me souviens que la neige déjà traçait l’ empreinte de mes pas sur la blancheur de cette fausse vierge automnale. Le ciel balançait sa couleur au-dessus des nuages, mais l’espoir tombait en pluie quand je me suis abrité sous le seul rayon qu’était ma vie : la solitude. Alors j’ai ri, pour une fois. J’ai pensé à l’âne. Je l’ai même revu : un mur de pierres sèches l’empêchait de sortir de son enclos, sur une île de l’Atlantique, mais ses braiments inondaient le désir de partager sa joie de vivre avec la femme qui pissait derrière le muret. Un moment, je fus jaloux, c’est vrai. Mais pour qui un jour a voyagé l’idée de dieu ne rassemble que des troupeaux qui vont par hasard où le vent des guerres les pousse. Chaque champ devient bataille, chaque récolte devient rançon. Le seul verbe qui désormais prend tout l’espace est : AVOIR. Quant au verbe ÊTRE, il ne se conjugue qu’au passé. Mais le passé est un temps mort, comme l’âne qui brait, animal qui ne tire plus les charrettes, ne porte plus un chapeau entre ses oreilles, animal dont les enfants parfois le différencient des lamas, qu’ils ont vu au zoo, jamais dans la campagne.

Alors à l’écho de ma voix, de ma voie, du bruit des rails qui vibrent sous la locomotive, des tressauts de souvenirs qui montent descendent et au final s’absentent, succède le braiment de l’âne que je suis, dont je suis le parcours, tant suivre c’est vivre dans un troupeau et oublier qu’un temps on s’est cru libre. Tout n’est devenu que barrières, pierres sèches, et l’homme brait quand l’âne broute dans le pré l’herbe tendre des jours oubliés, quand ses sabots traçaient sous les premières neiges d’automne le chemin vers la solitude des hommes, qui n’avaient plus, pensaient-ils , plus besoin de lui. Comme si « avoir » dominait « être ». L’homme est devenu auxiliaire, dans le sens militaire. Et l’âne au fond de cette vallée conte mes mots aux brebis qui sont maintenant encerclées dans les espaces clos de l’hiver qui approche. Mais jamais il ne commence son histoire par « il était une fois », juste par la citation : Asinus azinum fricat.

09 11 2022

AK

Les faits divers amusants : frotter n’est pas allumer !

Ce fait divers assez marrant (mais triste) lu dans « la Dépêche du Midi » de ce jour :

Neuf mois de prison avec sursis : c’est la peine dont a écopé un homme habitant Pamiers, en Ariège, pour avoir pendant deux ans régulièrement touché les fesses et les seins d’une femme de 70 ans lorsqu’elle faisait ses courses.

On croyait les affaires de « frottage » réservées aux transports en commun des grandes villes. Pourtant, le dossier jugé mardi 8 novembre 2022 par le tribunal correctionnel de Foix, en Ariège, montre que pour certains, toutes les occasions et tous les endroits sont « bons » pour s’adonner à ce genre de « pratiques ». Y compris lors de simples courses dans une supérette de Pamiers.

C’est là en effet, qu’une femme de 70 ans a subi, durant deux ans, les attentions un peu trop pressantes de Pierre. Venue porter plainte le 21 juin 2022 au commissariat, l’Appaméenne explique que depuis son installation en Ariège, son voisin se colle régulièrement à elle à la caisse du magasin. À cette occasion, il lui touche la poitrine et les fesses. Un voisin pressant qui, par ailleurs, ne manque pas une occasion de vanter ses charmes à chaque fois qu’il la croise. Il va même jusqu’à expliquer, avec élégance, que depuis sa désintoxication, « il a la trique ».

Pouvoir d’achat : le prix des huîtres va lui aussi augmenter à Noël

Le gouvernement va aider la population la plus démunie en plaçant dix pour cent de perles d’inculture dans chaque bourriche pour que le peuple s’espante et ne se monte pas le bourrichon envers les élus de la Nation. Des accords d’enfileurs de perles sont en cours avec les chaînes de télé privées. Joyeux Noël à venir dans les foyers chauffés à 19° (Gay-Lussac).

300 000 000, à écouter au second degré (avec Ricet Barrier et les frères Jacques)

Un parallèle avec les jeunes recrues russes envoyées à la guerre, en Ukraine (allégorie)